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fait impression sur son cœur, il était triste pour le mien de n’en avoir jamais arraché le moindre aveu. Sans espérer de l’amener plus ouvertement à cette déclaration, je me promis du moins qu’en lui faisant envisager avec quelque obscurité ce que j’étais déterminé à faire pour elle, il serait impossible que dans les mouvements secrets de cette vive reconnaissance qu’elle m’avait tant de fois exprimée, il ne lui échappât point quelques termes dont je croyais sentir que mon cœur pourrait se contenter, et qui me donnerait occasion de lui déclarer aussitôt moi-même de quoi l’amour me rendait capable pour son bonheur et pour le mien.

Dans toutes ces réflexions, il ne me vint pas même à l’esprit que le refus qu’elle avait fait au Sélictar fût une raison de craindre le même sort ; et je pris encore plaisir à me persuader que si ce n’était pas absolument pour se conserver à moi qu’elle avait rejeté une des premières fortunes de l’Empire, c’était du moins par une prévention si favorable pour notre nation qu’elle n’en serait que plus disposée à recevoir de moi les mêmes offres.

Enfin, quelques jours s’étant passés dans cette espèce de préparation, j’avais fait choix, pour la décision de mon bonheur, d’un après-midi où rien ne pouvait troubler l’entretien que je voulais avoir avec elle. J’entrais déjà dans son appartement, lorsqu’une pensée que mes raisonnements