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confiance dans leurs entreprises, il ne fallait pas douter que le seigneur Condoidi ne troublât bientôt un projet formé sans sa participation. Pour elle, à qui on faisait la grâce de l’y vouloir associer, elle ne comprenait point à quel titre, et elle se sentait autant d’éloignement pour celui que Synèse paraissait lui offrir, que d’indifférence pour celui que son père s’obstinait à lui refuser. »

Ce discours me parut plus tranquille. Cependant le même sentiment me faisant craindre que les conseils de Maria Rezati ne fissent plus d’impression dans mon absence, je résolus de lui procurer le moyen de rejoindre son amant. On m’apprit qu’il partait, dans quelques jours, un vaisseau pour Lépante. Je fis prier le capitaine de se charger d’une dame que ses affaires appelaient dans la Morée, et je lui donnai un de mes gens pour la conduire.

Notre séparation se fit d’un air si contraint que je crus avoir peu de fond à faire sur l’amitié de Maria Rezati. Théophé même qui s’était beaucoup refroidie pour elle, depuis différentes marques qu’elle avait eues de son indiscrétion, la vit partir avec peu de regret. Mais nous n’en étions pas moins éloignés l’un et l’autre de nous attendre à des emportements de haine.

Je goûtai plus de repos après son départ que je n’avais fait depuis longtemps ; et sans changer la conduite que j’étais résolu de tenir auprès d’elle qui me tenait lieu de tous les