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au plan qui s’en était formé dans ma maison.

« Je l’ai pardonné, lui dis-je, à Synèse, dont les vues me parurent alors aussi folles que celles dont son père l’a justement puni, et je ne voulus point augmenter par mes reproches le malheur qu’il s’était attiré dans ma maison. Mais je ne puis le passer facilement à une femme dont je devais attendre quelque reconnaissance et quelque attachement. »

Si ces plaintes étaient trop dures, l’effet en fut aussi trop affreux. Elles inspirèrent contre moi à Maria Rezati une haine qui ne convenait point aux services que je lui avais rendus. Je sais que le reproche d’un bienfait passe pour une offense. Mais il n’était rien entré de trop humiliant dans mes termes, et j’ose ajouter que les excès de délicatesse n’appartenaient point à une femme qui sortait d’un sérail, après avoir abandonné sa patrie avec un chevalier de Malte, et que je n’aurais pas dû plus souffrir, pour me rendre sincèrement justice, dans ma maison de Constantinople qu’à ma campagne.

Théophé ne balança point à lui répondre de la manière la plus propre à calmer mon agitation.

« Il y avait si peu d’apparence, lui dit-elle, à l’établissement dont on se flattait, qu’elle était surprise qu’il pût être proposé sérieusement. Outre que la légèreté de deux jeunes gens ne promettait pas beaucoup de