homme à qui elle devait les images de vertu qu’elle commençait à goûter ? Dans cette supposition ne devenait-elle pas respectable ; et pour qui l’était-elle plus que pour moi-même qui avais commencé à la servir sans intérêt, et qui loin de troubler ses projets de sagesse par des propositions folles et libertines, devais me faire honneur au contraire d’une conversion qui était proprement mon ouvrage ?
Plus je m’attachai à ces réflexions, plus je sentis que cette manière de considérer mon aventure était flatteuse pour moi ; et m’étant toujours piqué de quelque élévation dans mes principes, il ne m’en coûta presque rien pour sacrifier les plaisirs que je m’étais proposés, à l’espérance de faire de Théophé une femme aussi distinguée par sa vertu que par ses charmes. « Je n’ai jamais pensé, disais-je, à lui inspirer de la sagesse ; et le goût que je lui suppose n’est qu’un heureux effet de son bon naturel, excité par quelques discours qui me sont échappés au hasard. Que sera-ce, lorsque je me ferai une étude sérieuse de cultiver ces riches présents de la nature ? » Je me la représentai avec complaisance dans l’état où je croyais pouvoir la conduire. Mais frappé d’avance de ce portrait, que lui manquerait-il donc alors, ajoutais-je, pour être la première femme du monde ? Quoi ! Théophé pourrait devenir aussi aimable par les qualités de l’esprit et du cœur que par les charmes extérieurs de sa