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qu’on peut faire quelque chose avec cela ; vous faites un bon profil et surtout on n’y voit pas votre verrue (il a une verrue sur le côté droit du nez).

Le jeune homme (souriant) — J’ai tenu à cacher mes petites bosses, ça ne porte pas chance.

L’agent — Non, ça manque d’esthétique… mais tant mieux, vous exposez le bon côté de la médaille…

Le jeune homme — J’ai fait mes preuves, monsieur ; et je saurai bien faire apprécier le revers…

L’agent — Coquin !… (allant à sa table et rédigeant) Voyons si cette formule vous convient…

Le jeune homme — Il faut vous dire d’abord que je ne suis ni étudiant en droit ni étudiant en médecine, et que je veux une femme aussi parfaite que possible, mais de mon monde… on n’est pas si bête, après tout, dans le peuple…

L’agent — Oh ! non !… les plus fins ne sont pas toujours dans le grand monde. Que faites-vous, monsieur ?

Le jeune homme — Je suis dans la confection.

L’agent — Votre âge ?

Le jeune homme — Vingt-deux ans.

L’agent — Bien, voyons, ceci vous convient-il, Monsieur, (il rédige) 22 ans, brun, quelle est votre taille ?

Le jeune homme — 5 pieds, 5 pouces.

L’agent (répétant) — 5 pieds 5 pouces, faisant dans la confection, désireux de se marier avec jeune fille gaie, affectueuse, jolie, économe, sans fortune, mais l’argent ne serait pas un obstacle… est-ce cela ?

Le jeune homme — Oui, ça peut faire ; ajoutez : Pas enclin à la jalousie, mais aimant une femme d’intérieur, car voyez-vous, à défaut d’amour et d’argent, que ma