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une bonne celle-là. Figurez-vous que deux personnes différentes — deux clientes — m’ont chargé, à huit jours d’intervalle, de publier leur photographie dans mon journal — le Lien des cœurs — ça ne coûte que dix piastres pour faire mettre son portrait !… mais j’ai trouvé que leur ressemblance était si frappante que j’ai utilisé le cliché de la première pour la deuxième, et qu’elles n’y verront que du feu ! (prenant un journal et le montrant) Tiens, le numéro du sept… (lisant au-dessous du portrait) L. M. 116… (montrant un autre numéro) et le numéro du 14… M. L. 100… Je ne suis pas comme mes concurrents, concurrents jaloux qui font tout dans le mystère, qui ne laissent jamais deux clients se rencontrer ; moi j’habite une maison de verre, tout le monde peut connaître mes affaires ; j’autorise tout, excepté qu’on mette le nez dans mes livres. À part ça, je suis pour mes clients, un ami, un père ; je leur donne des conseils, parfois même des bons : je ne déteste pas discuter avec eux sur les avantages et les désanvantages de la conjugalité, sur les chances de tirer un bon numéro à la loterie du mariage, sur les sources du bonheur en ménage ; pour les uns, c’est l’amour ; pour les autres, c’est l’argent ; pour les plus gourmands, c’est l’amour et l’argent ; pour… pour les sages, c’est la perfection intellectuelle… mais j’avoue que je n’ai pas beaucoup de clients de ce calibre là. (Un jeune homme entre) Ah ! un client… à quelle catégorie appartient celui-là ?


Scène II

L’Agent — Un jeune homme du peuple

Le jeune homme — Bonjour, monsieur (sortant un