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Paul — Oui, elles font envie pour un moment, comme pâture à la brute !… Pas un de ces hommes, s’ils ont conscience de l’avenir, n’épouserait une de ces femmes qui sont en toilette du matin au soir, et arpentent les rues comme si c’était une vocation…

L’agent — Elles valent bien les autres, allez…

Paul — Non, monsieur, elles ne valent pas les autres ; elles ne valent pas celles qui s’appliquent aux soins du ménage, qui apprennent avec intelligence à faire la cuisine, qui reçoivent une éducation honnête sous la direction de leurs mères de qui elles apprennent l’ordre, l’économie et les devoirs nombreux que doit accomplir une femme, si elle veut être une bonne épouse.

L’agent — Vous aimez différemment des autres, et à vous entendre vous êtes peu soucieux de rechercher une femme pour son argent ou pour ses charmes…

Paul — Mon Dieu, je ne suis pas insensible à tous ces avantages, mais au risque de passer pour un naïf, je vous avouerai ma préférence pour une femme intelligente, compagne dévouée et sage, à une autre qui n’aurait que l’argent et la beauté, ces choses si tapageuses…

L’agent — Je vois que vous voulez mêler la raison à l’amour… Mais, monsieur, on dit que l’amour est une chose éphémère, souvent problématique ; ne croyez-vous pas qu’alors l’argent est une belle compensation ?

Paul — Oui, pour ceux qui ne vivent que pour les sens… Mais quand il s’agit d’une liaison pour toute l’existence, la raison aidant le cœur, nous fait préférer une femme réfléchie, à une femme légère qui n’a d’appétit que pour les plaisirs.

L’agent — Mais l’argent, monsieur, ! la beauté… ça met de la poésie dans la vie…