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dans le sens où Pascal l’employait : tout ce qui nous empêche de fixer notre réflexion sur nous-même. Il n’est pas interdit au romancier de ramener subtilement, par son récit même, le lecteur à la réflexion : mais soyez assuré que celui-ci, en ouvrant le livre, a d’abord cherché à se fuir soi-même, à mettre pour un temps la pensée d’autrui à la place de sa pensée. Et voilà tout le secret de cette crise du roman sur laquelle on a dit tant de vanités. Les romans français des dix dernières années ont eu peu de lecteurs, bien que particulièrement distingués et artistiques, parce qu’ils ont représenté, pour la foule, le contraire d’un divertissement.

À côté de ce premier appétit, universel et conscient, du liseur de romans, j’en vois un autre conscient encore, mais moins général : il cherche dans le