Page:Prével et Tréfeu, La Romance de la rose.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FRANCISQUE.

C’est ce que j’ignore… mais il faudra bien que je le sache… d’abord, pourquoi, à certains moments, me fais-tu chanter la romance de la Rose ?…

OCTAVE.

Moi, je te fais chanter la romance de la Rose ?

FRANCISQUE.

Ah ! que tu es joli !… Avoue que je suis d’une bonne pâte et que je me laisse tourner comme un toton, mais enfin pourquoi ça ?

OCTAVE.

Parce que tu as une jolie voix.

FRANCISQUE.

Ça c’est vrai… mais ce n’est pas une raison !… C’est pas mon état, que diable !… moi je suis peintre…

OCTAVE.

Quel malheur !…

FRANCISQUE.

Merci !

OCTAVE.

Non, quel malheur que je ne chante pas comme toi !

FRANCISQUE.

C’est l’influence du cobalt, à ce qu’on dit.

OCTAVE.

Quel guignon !… Mais non, je suis compositeur de musique, je cultive la romance, je touche à l’opérette et je ne peux pas m’interpréter moi-même, il n’y a qu’à moi que ces choses-là arrivent.

FRANCISQUE.

Allons donc ! Tous les compositeurs sont comme toi… beaucoup de talent quand ils en ont, jamais de galoubet !

OCTAVE.

Oui, c’est le musicien qui compose, et c’est le peintre qui roucoule, quelle ironie du sort !

FRANCISQUE.

Encore, si tu me permettais de varier un peu mon répertoire. Mais non, c’est toujours cette romance de Martha… Si depuis huit jours je ne l’ai pas chantée trente-six fois, cette romance, je veux bien… — Est-ce que les éditeurs te font une remise ?

OCTAVE.

Que t’importe ? puisque ça me fait plaisir.