Page:Pouvourville - Le Tao de Laotseu, 1894.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Laotseu, indépendamment de toutes recherches techniques et philologiques, il semble que l’homme le plus heureusement préparé à une transcription fidèle à la fois de la lettre et de l’esprit, soit celui qui aurait eu la fortune d’entendre, non pas des interprètes disserter en français sur la valeur des caractères, mais des savants exposer, en langue mandarine, les idées que ces caractères leur représentaient.

Vivre de la vie de ces hommes, écouter leurs discours, voir leurs maximes mises en action : étudier les enseignements des tongsang, docteurs laïques, professeurs de la doctrine métaphysique : recueillir les rares paroles tombées de la bouche des phutuy, fils spirituels des mages hiératiques qui furent les premiers Disciples du Maître : Observer les méditations des phap, moines errants, suspects aux dynasties de Péking et de Hué, mystiques qui ont conservé la tradition des Sciences Divinatoires, voilà la préparation qui semble nécessaire pour mesurer la profondeur des chapitres de Laotseu.

C’est là ce que j’ai fait pendant quatre ans, avec un profond amour de la vérité, et une curiosité tempérée de respect.

C’est pourquoi j’ose présenter ici cette très fidèle traduction du Tao, que mes lecteurs français trouveront peut-être inutile et obscure, mais qu’à coup sûr mes Maîtres Chinois ne désavoueraient point.


Matgioi.


Paris, Janvier 1894.