égards, des idées sous l’influence desquelles il écrivait, qu’il y aurait de la témérité à prétendre retrouver exactement le sens qu’il avait en vue. » (Mémoire sur Laotseu, par A. Rémusat : tome VII des Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres).
M. Julien dit, pour son excuse — ce dont il n’avait nul besoin, — que les commentateurs chinois eux-mêmes ne sont pas d’accord sur le sens du Tao. J’ai constaté, au contraire, durant de longs stages, une parfaite uniformité de doctrine ; et les interprètes chinois, compagnons de travail de M. Julien, qui se réclame de leur parole, me semblent avoir fait là un acte de politesse, en face des embarras du professeur qu’ils assistaient, politesse qui n’aurait pu abuser un instant un habitué de l’Extrême-Orient.
La traduction — ou mieux la paraphrase — du Tao de M. Julien est donc une traduction à idées et à expressions françaises, comme sont aujourd’hui les transcriptions de nombreux livres orientaux, faites par des adaptateurs, ignorants des langues et des peuples, et entourés seulement des interprètes spéciaux. Les ouvrages similaires des personnes qui ont fait, sur les lieux mêmes, une étude profonde des philosophies et des littératures extrême-orientales, se distinguent par des qualités bien supérieures ; et je n’en veux pour preuve que l’éminente traduction que M. Philastre a faite du Yiking et de ses commentaires traditionnels (Annales du Musée Guimet : t. VIII et XXIII).
Il paraît donc que l’expérience de la race et de la langue par le frottement de la vie coutumière est la meilleure condition où puisse se trouver un traducteur consciencieux ; et, en ce qui regarde le Tao de