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CHAPITRE III

ITALIAM


Le paganisme sain et joyeux de l’Italie attira toujours les artistes et les sensuels. C’est par les yeux qu’ici l’âme est charmée. Wagner en Italie y sentait plus profondément qu’ailleurs le peuple, les passions, la lumière, la beauté des femmes, les vers des poëtes. Ce qui lui manquait le moins, c’était sa musique. Il ne travaillait plus du tout à Parsifal. Entouré de sa famille et de quelques amis nouveaux, il jouissait avec simplicité du plaisir de vivre. Henri von Stein, un jeune écrivain allemand qu’il eût désiré attacher à sa maison comme précepteur de son fils, et le peintre russe Paul de Joukowsky devinrent les familiers de la villa Angri. Joukowsky fit le portrait de Mme Wagner. Stein composait les Essais qui devaient lui assurer plus tard la notoriété, et il donnait lecture de ses traductions des sonnets de Giordano Bruno. On faisait ensemble des excursions. On visita Amalfi, puis, en caravane et à dos d’âne, Ravello, où l’on découvrit le vieux palais Raffoli, de style mauresque, dont les colonnes de marbre, la chapelle enterrée sous le lierre et le large escalier conduisant à un parterre de roses fit s’écrier Wagner : « J’ai trouvé le jardin de Klingsor ! »

Il reprit aussi ses promenades matinales à travers pins et vignes. Bientôt lui revint le goût d’écrire et il jeta les esquisse de son traité sur Art et Religion où son esprit, tout occupé encore du cauchemar de la vivisection, cherchait à