Page:Pourtalès - Wagner, histoire d'un artiste, 1948.pdf/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DÉDICACE


Il y a sept ans, revenant de Bayreuth et d’une visite à la tombe franciscalne de Liszt, et juste avant de partir pour Rome où j’allais surprendre la silhouette de l’abbé-virtuose profilée sur les terrasses de la Villa d’Este, je dédiai la première de ces histoires romantiques à une âme véhémente et inquiète, mals qui saurait encore s’éprendre des musiques du cœur.

Le livre que j’offre aujourd’hui à cette ombre silencieuse, je l’achève sur le haut-plateau du Valais d’où Katherine Mansfield et Rainer Maria Rilke, quelques années plus tôt, plongeaient leurs regards dans la large déchirure de rochers qu’est la vallée du Rhône. La colombe de la Nouvelle-Zélande tremblait d’avoir à s’arranger ici un nid mortuaire, et, pour forcer la guérison, s’obligeait à écrire des contes. Dans sa Tour de Muzot, à quelques centaines de mètres plus bas, Rilke les entendait peut-être, lui qui savait comme personne écouter les histoires des enfants et celles du bon Dieu.

Me voici donc un peu embarrassé pour préfacer sur ces hauteurs, toutes vivantes de l’éternelle poésie des herbes, du soleil et du mystère des âmes, un gros livre consacré à un homme et à des dieux dont la race rancunière et puissante