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CHAPITRE III

un monde nouveau — le hollandais volant


L’année 1841 ne s’annonçait guère meilleure que la précédente, et Wagner l’inaugura par un fiasco au Concert de Ia Gazette Musicale. On y joua son Ouverture de Christophe Colomb ; mais les cuivres de l’orchestre Valentino détonnèrent de telle façon, que le public confondit dans sa mauvaise humeur les exécutants et le compositeur. Il y eut même quelques sifflets. Minna pensa se trouver mal. Berlioz, qui avait assisté à la répétition, ne se prononça point et se borna à constater en soupirant « que tout était bien difficile à Paris. » Attitude de confrère. Le groupe des amis s’affligea fort de ce demi-échec. Richard seul y demeura à peu près insensible, et comme un petif souper avait été préparé à la rue du Helder pour fêter l’événement, il y ft honneur gaîment et tout se termina pur des discours, des chansons.

Pourtant une pensée lui vint ce soir-là, qui ne devait plus le quitter : l’inutilité de prolonger son séjour à Paris. Il fallait donc songer au retour en Allemagne. À moins que ce ne fût le départ pour l’Amérique… Malheureusement, même pour exécuter le projet le plus simple, quelques fonds étaient nécessaires et la misère ne relâchait point son étreinte. Au contraire, elle la resserrait. On pouvait tenter d’aller trouver Franz Liszt, dont la générosité était proverbiale. L’idée était bonne. Wagner se rendit à l’hôtel où descendait le pianiste