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appétit : « de la bonne viande de riches » dit-elle. À la nuit close, le train arrive à Paris et, chez Suzon, à Neuilly, les rires recommencent, gagnent les domestiques qui se tordent en battant des mains. On installe Marie là haut, dans une chambre vide.

Dès le lendemain, elle prend ses habitudes.

Rien ne l’étonne. Le grand salon est beau cependant. Elle y remarque un coussin, sur le sol, qui sera commode pour s’agenouiller et dire ses prières. La salle à manger aux boiseries sombres lui rappelle l’église, et la desserte, avec ses flambeaux d’argent, une manière d’autel ; elle s’incline en passant devant. La cuisine devient son royaume ; Mlle Augustine la fait rire aux larmes ; Mlle Olympe lui permet de goûter aux sauces et M. Joseph lui donne à boire, pour s’amuser. Le matin, elle prend du café au lait ; elle déjeune avec Suzon. L’après-midi se passe à prier, à tricoter, à recommencer son chapelet deux ou trois fois, lentement, tranquillement, avec un ronronnement de chat qu’on caresse. Suzon s’affaire, se divertit. Elle coupe des robes, achète du linge, des chaus-