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soutane soulève de minuscules nuages de poussière qui retombent sur les feuilles blanchies des pissenlits et sur celles des orties.

Puis, à l’ombre du lavoir, quelque chose remue, circonspect, attentif, et entre dans le soleil pour se chauffer, comme le font, sous des pierres, de petites bêtes affreuses et craintives.

C’est une naine. Une de ces créatures sordides et lamentables que l’on rencontre aux abords des villages et qui vivent sur les routes ou à l’abri des haies dans l’inquiétude des enfants méchants. Elle est vieille. La tête énorme semble aussi grosse que le corps ; la face aplatie est coupée par la bouche, qui s’ouvre en gueule de four ; le corps, fluet comme celui d’une gamine de huit ans, porte la charge d’un ventre devenu monstrueux sous la poussée d’une hernie. Mais rien n’est plus troublant que ses bras, ses jambes, ses pieds, à cause de leurs proportions exactes et réduites.

Elle se nomme Marie, et Hurteau du nom de son père (qui fut le père Christophe, ivrogne célèbre par toute la contrée, de Champigneules