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D’UNE VIEILLE NAINE
ET D’UNE JEUNE BEAUTÉ.



LA chaleur pèse sur les herbes, la plaine, le village, en nappes accablantes. La terre est sèche comme un gosier d’ivrogne et là-bas, au fond de la vallée, la Meurthe donne soif à ceux qui la regardent.

Une femme, sur le seuil de sa porte, crie : « Joséphine ! La soupe… » d’une voix aiguë qui perce l’air immobile. Les hommes, un à un, entrent au hameau ; ils portent sur l’épaule une pioche ou une bêche au bout desquelles, humble trophée, pend leur blouse. Ils marchent, respectueux des prés en fleurs, par le chemin qui rampe au long des murs de vigne et déjà ils se réjouissent de trouver leurs maisons fraîches et pleines de ténèbres comme des celliers.

Le curé passe, à pas prudents de myope, tenant son bréviaire tout près de ses yeux. Sa