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Ce nouvel état de choses dura plusieurs années. Nous pourrions n’en rien dire et laisser croire que « le bonheur n’a pas d’histoire », maxime notoirement fausse, comme l’on sait. Mais il ne s’agit pas ici de bonheur ; il s’agit de philosophie, et il ne vaudrait pas la peine d’être philosophe si c’était tout uniment pour aboutir au parfait contentement.

Donc, notre rentier vécut avec sérénité pendant un certain temps, relisant sans cesse ses auteurs favoris, notant toujours ses petites pensées et promenant son désœuvrement par les rues de la ville. Dans sa maison, c’était un homme envié. Dans son quartier, on l’appelait « Monsieur Gualtero », à cause de ses vêtements neufs et de ses souliers américains. Mais il demeurait peu sensible à ces détails. Épictète n’a-t-il pas dit : « Si jamais il t’arrive de te préoccuper des choses extérieures et de vouloir plaire au monde, sache que c’en est fait de ton plan de vie. » De plus nobles soins l’occupaient ; de nouvelles disciplines le hantèrent. Cet autre enseignement du maître : « Aime à garder le silence », fit qu’il se priva pendant un mois plein