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cravate. Puis il se rendit chez le parlementaire afin de lui remettre son présent. C’était dans une fort belle maison, au second étage. Il gravit l’escalier de service, à son habitude, sonna, expliqua le but de sa visite. Mais un important valet tenta de l’éconduire. Le philosophe discuta, plaida, s’indigna avec véhémence, s’adressant à la cuisinière qui semblait presque gagnée à sa cause. Au bruit, le maître parut, vit l’homme, leva les bras : « Est-ce que je reçois les mendiants, maintenant ! Mettez-moi ce gaillard à la porte. » Gualtero s’en alla et jeta son épingle dans un égoût.

Une autre année il se mêla aux étudiants, fréquenta leurs cafés, obtint des commandes de portraits photographiques montés en broches ou en épingles, selon qu’ils étaient destinés aux jeunes gens ou à leurs amies, prit part à leurs discussions littéraires. Quelquefois, aux heures tardives, on l’obligeait à monter sur la table et à prononcer un discours. Il s’exécutait avec ravissement, parlait jusqu’à en perdre la voix au milieu d’une tempête de rires, et s’en retournait aux Batignolles, la cervelle traversée par des