Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Car, pour tout dire et expliquer ce manteau, il faut savoir que le philosophe relayait son ami noir dans son rôle de chasseur, les mardis, jeudis et samedis appartenant à l’un, les lundis, mercredis, vendredis à l’autre, les dimanches à tous les deux. Il s’agissait, d’ailleurs, d’un travail facile : ouvrir la porte, la refermer, acheter des timbres, un journal ou des cigarettes. Les nuits étaient moins monotones. Gualtero, au son d’une musique barbare, revêtu d’un costume de sa composition, entrait dans la salle du café, pivotait sur lui-même, les bras écartés comme un derviche tourneur, en prononçant de mystérieuses paroles et venait ensuite s’abattre sur les banquettes, parmi les rires des hommes et les cris des dames. Il se félicitait, maintenant, d’avoir conservé sa natte ; elle devenait célèbre dans le quartier et presque toujours les femmes demandaient à la toucher pour s’assurer qu’on ne les trompait point. Ensuite il leur tirait des horoscopes en lisant dans les lignes de la main, ayant acquis rapidement le vocabulaire indispensable. On lui donnait des sous, parfois de la menue monnaie