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lui-même : « Quelle admirable chose que la philosophie d’Épictète, car, si je ne l’avais pratiquée, n’aurais-je pas souffert de toutes mes aventures ? N’aurais-je pas connu le dépit et peut-être, qui sait, la haine ? Or, mon cœur est joyeux, mon âme est tranquille. Ce nègre rit sans savoir pourquoi, tandis que je ris à bon escient, ayant vaincu mon orgueil, m’étant vaincu moi-même. Divin Maître, je ne saurais trop me louer de tes enseignements et, ce soir, je répéterai avec toi : Souviens-toi que, simple acteur, tu joues une pièce comme le maître de la comédie veut qu’elle soit jouée. Si ton rôle est court, tu le joueras court ; s’il est long, tu le joueras long. S’il plaît au maître que tu joues le personnage d’un pauvre, soutiens ce rôle naturellement ; s’il faut que tu soies dans la pièce un boiteux, un prince, un homme du vulgaire, n’importe, joue le mieux possible, car ton devoir est de bien représenter ton personnage ; quant au rôle que tu dois jouer, c’est à un autre de le choisir. »

Le bon nègre avait dit la vérité : ce sont de douces choses que quelques pièces d’argent, un souper chaud et un bon manteau doublé.