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êtes chargés, venez à Lui et Il vous aidera. » Et autres choses semblables qui étaient bonnes à entendre. Sur la troisième estrade se dressait une longue et sèche demoiselle qui criait : « Feu et sang et destruction et ruines sur ce monde égoïste et pervers ! Résurrection, vie, santé et bonheur par les femmes ! La femme n’est plus une esclave, mes sœurs, réveillez-vous, indignez-vous, enrôlez-vous pour la lutte héroïque des temps modernes !… » Et mille autres paroles guerrières qu’approuvait un groupe de bourgeois fort placides, malgré la tempête qui secouait le chapeau à plumes de l’orateur.

Gualtero s’en alla, tout pensif, porter son parapluie. Et subitement cette idée lui vint : pourquoi ne parlerait-il pas, lui aussi ? Pourquoi n’enseignerait-il pas ? Avait-il le droit de se taire, de garder pour lui seul la connaissance ? Eh ! parbleu, non ! cent fois non. De cet instant précis date son apostolat.

Il prépara sa harangue pendant toute une semaine. Le dimanche suivant, il s’empara d’une estrade, y grimpa et commença de parler