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consacra même plusieurs pages à son ancien collaborateur, auquel il décerna sans vouloir le lui discuter le titre de doyen des chemins de fer dont il était bien the oldest man. »

Ces simples lignes ameutent tout à coup dans mon esprit tous les échos de mon enfance et de ma jeunesse, et comme ils touchent à l’histoire, même chemins de fer, je crois qu’il est intéressant de les rappeler ici.

On ne se souvient plus assez que les chemins de fer commencèrent par constituer chez nous une industrie essentiellement anglaise, ce qui est, en définitive, fort honorable pour les deux pays : pour l’Angleterre, qui commença par installer chez nous les voies ferrées, et pour la France, qui ne tarda pas à posséder des ingénieurs aussi forts que ceux de nos voisins.

À ce point de vue spécial, et bien oublié aujourd’hui, de l’histoire de nos chemins de fer, je veux rappeler à M.  Dove un petit accident qui nous reportera tous les deux bien en arrière, de plus d’un demi-siècle.

Ce devait être aux environs de 1857 à 1858. Mes parents habitaient une petite maison de campagne pendant l’été à Verneuil-sur-Seine, et un beau jour on apprenait qu’un train venait de dérailler — sans accident de personne du reste — entre les gares de Triel et des Mureaux, au milieu du bois de Verneuil et non loin du pont de la demi-lieue.

Aussitôt après déjeuner, mon père, ma mère et moi, qui devais avoir dans les six à sept ans, nous