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milieu de tous les amis qu’il a conservés à la Compagnie de l’Ouest.

« Un de ceux-ci m’a raconté une anecdote assez curieuse que je m’en voudrais de passer sous silence :

« En 1900, un grand financier anglais, M. Edouard Blount, qui avait été administrateur de la Compagnie du Havre à Rouen, et qui par suite était devenu président du conseil d’administration de la Compagnie de l’Ouest, fit paraître ses mémoires, dans lesquels il avait noté toutes ses impressions depuis qu’il avait pris en main la construction des chemins de fer de l’Ouest.

« À un certain endroit, il disait : "Je suis sûrement le plus vieux de ceux qui s’occupent en France de la question des chemins de fer ; si je ne m’abuse, je suis même le plus âgé de ceux qu’elle a jamais fait vivre ! »

« M. Dove lut le livre et ce passage le frappa.

« Au cours d’un de ses voyages en France, il alla trouver son ancien administrateur.

« — Vous avez commis une erreur, lui dit-il, — the oldest man — le plus vieil homme — des chemins de fer, c’est moi !…

« — Pourtant, — protesta M. Blount, — nous sommes arrivés ensemble à Rouen en 1843 !…

« — C’est vrai, mais, depuis 1837, j’étais déjà employé au bureau de Stephenson.

« L’ancien administrateur de la Compagnie du Havre à Rouen s’inclina de la meilleure grâce, et, dans la seconde édition de son livre, il rectifia et