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mores ou des platanes, de manière à ce que bêtes et gens soient abrités des rayons intempestifs de Phébus, comme disait mon grand-père…

Tartarin. — Votre idée est géniale, Prince.

Le Prince. — Que voulez-vous, elle est tout au moins humaine et puis ne me demandez point d’autre raison j’aime les arbres.

Tartarin. — Parfaitement.

Le Prince. — On m’objectera bien que ça pourra cacher la vue pour les spectateurs, mais ils verront par dessous et puis, j’ai pensé à tout, je laisserai aux quatre coins de la piste une petite clairière et quand les chevaux auront disparu, et quand on les attendra au passage de la clairière et quand les casaques des jockeys apparaîtront alors étincelantes sous le soleil, je pense que l’intérêt, loin d’être amoindri, sera de la sorte véritablement décuplé. Je vois d’ici tous les spectateurs haletants, les yeux fixés sur les clairières révélatrices qui seront là comme autant de relais et comme autant de poteaux indicateurs : qui va déboucher le premier ? crîront cent mille poitrines empoignées jusqu’aux larmes…

Tartarin. — Je ferai remarquer respectueusement à M. le Prince que…

Le Prince. — Je sais, que les poitrines ne pleurent pas ; c’est une erreur, Monsieur, les larmes remontent de la poitrine aux yeux, c’est leur source. Je poursuis. De la sorte, comprenez-vous, je sauve la santé des chevaux et des jockeys, je décuple l’intérêt des courses et, partout où il y a