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dans des casiers avec leurs chapeaux et que l’on rend aux pensionnaires à leur sortie, puisqu’en arrivant elles revêtent le costume de la prison.

J’avoue que l’on ne peut se défendre de songer au vieux refrain populaire :

Vieux habits, vieux galons, fleurs fanées,
À la hotte, à la hotte du chiffonnier !


Ah ! ces chapeaux alignés dans ces casiers, ces couleurs voyantes et fanées, ces formes cabossées, ces oripeaux criards ! quelles tristesses et quelle navrante livrée du vice !

J’ai déjà dit que les sœurs se contentaient de surveiller, tandis qu’il y a une armée de surveillantes — au moins une par salle. — Elles sont prises souvent parmi les vieux chevaux de retour et deviennent d’excellentes surveillantes, tel Vidocq était devenu un excellent agent de police ! Ce qui semblerait tendre à prouver que l’expérience du métier est parfois une excellente chose et qu’en vieillissant le diable se fait ermite !…

Mais nous voici tout en haut d’un des corps de bâtiments, sous les combles et les toits et dans de vastes salles, au plafond, lambrissé mais élevé, se tiennent les filles mères ou nourrices que l’on n’a point séparées de leurs enfants, au pluriel ou au singulier, quoi que le premier cas soit rare.

Si j’ai bonne mémoire on leur laisse leur enfant jusqu’à l’âge de cinq ans. Elles sont là en train de coudre ou de causer par groupes, assises et les mioches jouent entre eux ou courent à travers la