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toujours parce qu’assermenté, on ne peut se défendre de constater que nous sommes infiniment plus sauvages et plus cruels que les Romains qui disaient si sagement : testis unus, testis nullus.

Comme disait Mme de Sévigné, on sent vous passer la petite mort dans le dos et l’on a le frisson en pensant à la somme d’erreurs, de vengeances, d’actes imbéciles et de malheureuses victimes que doit représenter à coup sûr un pareil système de répression sans contrôle, sans l’ombre de garantie.

On me dira que les femmes qui sont là sont peu intéressantes. La belle affaire ! Et quand même il n’y aurait ni erreur, ni victime, ne doit-on pas la justice à tout le monde et précisément surtout aux vaincus de la vie, aux déshérités de la fortune, à ces pauvres loques humaines, plus dignes de pitié que de mépris, car leur chute même est le plus terrible et le plus éloquent des réquisitoires contre notre société égoïste et lâche.

Au bout de trente-huit ans de République, l’Administration n’a pas encore trouvé le temps, ou plutôt n’a pas voulu encore laïciser la prison de Saint-Lazare ; il y a comme cela de ces affinités qu’il est inutile de chercher à comprendre, de peur de trop comprendre.

Toujours est-il que les surveillantes sont des religieuses de l’ordre de Marie-Joseph. Il y a naturellement une Sœur supérieure, une autre pour la direction centrale des travaux, quatorze pour la première section, onze pour la deuxième et dix