Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 414 —

pas de se conduire comme un pignouf à l’égard de son épouse Éléonore d’Aquitaine qu’il répudia malgré Suger, s’arrêta à Saint-Lazare et visita les lépreux dans leurs cellules.

Les boulangers, à cette époque où la propreté la plus élémentaire était condamnée par l’Église comme un péché, et l’hygiène complètement inconnue par conséquent, passèrent pour les plus exposés à la terrible maladie, à cause du feu qui leur brûlait le visage ; aussi ils soutenaient la léproserie et comme l’on disait à l’époque, aumônaient beaucoup de pain à la maison de Saint Lazare, qui en retour recevaient pour rien les boulangers lépreux…

Un monument fort curieux du moyen âge subsista longtemps devant la porte de Saint-Lazare. C’était simplement une tour à quatre faces, à la mode sarrasine, mais de style gothique, surmontée d’une croix, armée de fleurs de lis dans le soubassement et percée de quatre niches qui contenaient les statues en pied et de grandeur naturelle, de saint Louis, de Philippe III, du comte de Nevers et du comte de Clermont, son fils. Mais si cette tour était curieuse en elle-même, au point de vue architectural, elle l’était surtout par le souvenir vraiment extraordinaire qu’elle rappelait et qui était bien fait pour peindre ces époques de fanatisme clérical, tout à la fois naïf et irraisonné. En effet, le monument indiquait la première halte que fit Philippe le Hardi, lorsqu’il sortit de Paris, pieds nus, portant sur ses robustes épaules, le cer-