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leur faute, il y en a aussi de par la faute de leurs parents, de la Société, de la fatalité parfois si inexorable de la vie et, alors pris d’un immense sentiment de pitié et d’un serrement de cœur devant cette claire vision des responsabilités, je suis sorti, car je sentais bien que nous tous, penseurs et philosophes qui aurions été interrogés à cette minute suprême, si nous avions tous été réunis devant cet acte si simple : la descente d’un panier à salade dans une prison, nous aurions été bien embarrassés pour répondre et pour attribuer équitablement à chacun dans la vie et dans la société sa part de responsabilité, en face de ces vices qui sont comme l’inévitable écume du monde moderne… moins qu’autrefois pourtant et c’est peut-être là la suprême espérance, espérance dans un avenir meilleur, quand les grandes vertus républicaines et l’esprit de solidarité sociale et universelle seront enfin devenus l’heureux monopole de tout ce qui pense, aime et souffre ici bas…


VII


Mais vraiment je ne serais pas complet et le lecteur m’en voudrait si je n’allais pas, en sortant, dire bonjour comme tout bon journaliste, au père Jean Goujon, le restaurateur des lettres qui habite juste en face la porte d’entrée de la prison, au numéro 13 de la rue du Puits-de-l’Ermite.

— Bonjour, père Goujon.

— Bonjour, Monsieur Vibert.