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contact avec des détenus politiques qui professaient des doctrines les plus antisociales. À partir de cette époque, il changea sa manière d’être et peu à peu s’engagea dans la voie funeste dont il ne devait plus sortir.

« Je portais beaucoup d’intérêt à M. Vermorel avec qui j’avais eu quelques entretiens à Sainte-Pélagie et dont j’avais apprécié tout le mérite. Je lui exprimai le lendemain de son arrivée à la prison de la Santé, la triste impression que j’éprouvais en le voyant de nouveau prisonnier et surtout associé aux hommes les plus dangereux ; je l’engageai bien vivement à s’arrêter en route, il me répondit qu’il ne pouvait pas reculer.

« Il y a quelque chose d’étrange, à voir un homme dont la place était marquée au premier rang dans le monde civilisé, abandonner tout pour servir comme simple soldat dans ce milieu de sauvages et de bandits qui au moindre échec mettaient à mort les chefs qu’ils avaient choisis eux-mêmes et se sauvaient lâchement en criant : Nous sommes trahis !

« J’ai connu un colonel de fédérés qui me disait qu’il redoutait plus les balles de ses hommes que celles de ses adversaires.

« M. Vermorel continua à accomplir son destin. Mis en liberté à l’avènement de la Commune, il assista à toutes les sorties contre les troupes de Versailles. Aux derniers jours de la Commune il fut blessé mortellenient sur une des barricades de la place de la République. Transporté dans une des