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condes. Chacun sait que si les Romains formaient un grand peuple, ils représentaient également une terrible et implacable aristocratie et que le père de famille avait le droit de vie et de mort sur sa femme, ses enfants, ses serviteurs, ses esclaves. Or donc, de là à conclure qu’il n’y avait pas de féminisme chez eux, et qu’ils n’ont connu et appliqué que la terrible « loi de l’homme », comme dit Hervieu, il n’y a qu’un pas. Or c’est la malheureuse vérité, connue de tout le monde, et cette néfaste loi de l’homme, cette immorale loi du plus fort, ils l’ont introduite partout, jusque dans le génie de leur langue et c’est là ce qui est un peu trop scandaleux et c’est là ce qu’il ne faut pas tolérer plus longtemps dans notre belle langue française.

Je m’explique.

En vertu de quel saint, je vous le demande un peu, s’est-on permis de déclarer que le genre masculin était le plus noble ? Si, comme chez les Romains, nous avions les trois genres, on pourrait encore déclarer le neutre le plus noble pour mettre tout le monde d’accord. Mais comme il n’en est pas ainsi, il faut, en toute équité, déclarer maintenant pendant une période équivalente de quatre mille ans que dorénavant le genre féminin sera le plus noble.

Et si les hommes protestent et si les femmes, bonnes personnes, en tiennent pour la conciliation, il n’y a purement et simplement qu’à supprimer le genre le plus noble et à permettre l’accord, ad libitum, sur le masculin ou le féminin, ou, si