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réformes — oh ! combien petites ! — qui amèneront vraiment plus de justice et d’égalité entre les sexes.

Si je ne trouvais d’un goût tout à fait douteux de se décerner à soi-même des compliments, je dirais que c’est là parler d’argent, sinon d’or et que cette conception modérée de la question féminine est bien le comble de la sagesse ; mais j’aime mieux laisser le soin de formuler ce jugement flatteur aux femmes qui me feront l’honneur de me lire.

Or donc la matière étant immense et inépuisable, je vais me contenter pour aujourd’hui et à seule fin de bien faire saisir toute ma pensée, de donner seulement deux ou trois exemples qui me paraissent assez topiques pour rallier les suffrages des divers sexes.

Ainsi un homme marié vient-il à dévisser son billard ou à lâcher la rampe, comme disent les gens du grand monde au courant des belles tournures protocolaires, immédiatement sa femme devient Madame veuve un tel. Je sais bien que ce n’est pas encore si pénible que de se jeter vivante sur le bûcher où se consument les cendres de l’époux, du pauvre défunt et de passer ainsi l’arme à gauche avec lui.

Pardon, la femme n’étant pas soldate, ne peut pas passer l’arme à gauche et, jusqu’à nouvel ordre, cette figure de rhétorique un peu démodée doit rester le monopole du sexe fort. Mais ne chicanons pas sur les mots et poursuivons.

Je dis que ça a beau ne pas être aussi terrible