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bitude chez un cheval aveugle ! Et cependant jamais il ne se trompait. Et c’est là où il faut reconnaître que souvent, chez les animaux, la mémoire et l’habitude sont servies par des organes physiques, par des sens bien supérieurs à ceux de l’homme, qu’il s’agisse de l’ouïe, de la vue, de l’odorat, etc.

Il est certain que le cheval aveugle remplaçait la vue absente par une ouïe, un flair, un odorat merveilleux, car on ne peut pas admettre qu’il comptait les kilomètres !

Ah ! la force de l’habitude ! c’est merveilleux, et c’est ainsi que, depuis tantôt quarante ans que j’ai pris l’habitude d’écrire, j’ai couché sur le papier des centaines de volumes.

Si ça ne conduit pas à la fortune et pas toujours à l’Institut, ça vaut toujours mieux que d’aller au café, comme disait en riant mon vieil ami Francisque Sarcey.

Et puis il faut bien convenir que ce problème de la mémoire et de l’habitude chez l’homme et chez les animaux est bien le plus curieux et plus passionnant des problèmes philosophiques que l’on puisse concevoir.