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vin, et c’est pourquoi j’ai tenu à le conter ici, convaincu que cet excellent ferment de scepticisme va enfin germer dans l’esprit de mes lecteurs !

Je ne veux pas terminer cette chronique sans rappeler ici les lignes de mon confrère Maurel à propos du Catilina de M. Gaston Boissier, de l’Académie française :

« De telle sorte que Catilina, comme tant d’autres depuis, berçait de délivrance ses rêves despotiques. Ce fut aussi pour le bien du peuple français que Napoléon alla à Saint-Cloud le 18 brumaire. Il en revint pour conduire la France à Waterloo. Ce n’est pas la trahison des Allobroges ni celles de Fulvia qui perdit Catilina, mais sa propre trahison envers ceux qu’il convoqua à l’assister. Il voulait détruire le Sénat bourgeois, mais pour restaurer un régime plus dur encore. Un secret instinct avertit le peuple, et Rome ne « marcha pas » ; Catilina succomba à l’antinomie de son but et de ses moyens.

Si j’ai tenu à rappeler ce souvenir plutôt lointain, c’est non seulement parce qu’il est toujours d’actualité par comparaison, mais c’est pour montrer que les Allobroges ont joué un rôle important dans l’histoire de l’antiquité, toujours jaloux de leurs droits et de leur indépendance, ennemis des tyrans, enivrés de liberté et de justice, et que les Savoyards ont raison de se montrer fiers de leurs grands ancêtres. Ce n’est pas eux qui auraient coupé dans les ferments de raisin à 10 francs le litre !