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fait du même ordre, que je crois, non moins curieux, non moins intéressant, et c’est pourquoi j’ai résolu de vous l’exposer ici sans phrases, comme sans détours, s’il est possible.

Depuis la reconstitution du vignoble français, à la suite du phylloxéra, il s’est trouvé, la production algérienne assurant une quantité énorme de vin sur notre marché, que les vins en général sont tombés à vil prix, surtout après les années de grandes récoltes.

On a bien essayé de faire des syndicats de producteurs, des trusts de marchands de vins ; mais il était fort difficile d’écouler sa marchandise, je ne dirai pas à un prix rémunérateur, mais seulement à un prix couvrant les frais matériels.

La chose devenait d’autant plus difficile que les médecins s’étaient mis à déclarer la guerre à cette bonne purée septembrale, en affirmant qu’elle pouvait conduire à l’alcoolisme, tout comme de simples apéritifs.

La situation était grave, une grande industrie nationale allait péricliter, le Midi qui ne bougeait plus allait-il être ruiné ? Bordeaux était dans le marasme, le Gard versait toutes les larmes de ses tonneaux et la Bourgogne elle-même — qui l’eût cru de Nuits — n’était plus heureuse !

C’était la fin des fins, abomination de la désolation. Il fallait en sortir coûte que coûte ; aux grands maux les grands remèdes !

Les grands remèdes ? Eureka ! s’écria un négociant en vins, naturellement très fort en chimie