Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/304

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 274 —

sa vie, mais encore l’intelligence est infiniment plus ouverte pour apprendre plus aisément un bon métier, et puis un être qui sait lire et écrire a un sentiment de la dignité humaine, de sa propre dignité, infiniment plus clair, plus précis, plus relevé que celui qui passe sa vie tout entière, enténébrée dans la misère profonde de la plus abjecte ignorance.

Voilà la vérité féconde qu’il faut dire, crier, répandre partout dans nos campagnes ; voilà ce qu’il faut dire et redire à nos maires, à nos municipalités qui trop souvent ferment les yeux sur les petits maraudeurs, sur les enfants qui ne vont pas régulièrement, et même parfois pas du tout, à l’école primaire de leur village.

Lorsque les magistrats campagnards, enfin imbus de leurs devoirs et du sentiment de leur haute responsabilité, comprendront bien qu’il y a là le plus noble de tous les devoirs de solidarité humaine et que forcer la jeunesse à aller à l’école, c’est non seulement travailler pour elle, mais encore pour la sécurité, la prospérité et la moralisation de la France tout entière, nous ne tarderons pas à constater les rapides progrès de la moralité publique, de la moralité sociale en un mot. Que l’on retienne à l’armée pendant trois ans les illettrés et bientôt il n’y en aura plus en France.

Alors, mais alors seulement, nous ne lirons plus des histoires navrantes comme celle qui a motivé le présent chapitre et il ne se trouvera plus des tenanciers d’hôtels borgnes pour donner des pri-