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comme la Russie par exemple, où l’on ne constate pas la pureté relative des mœurs scandinaves.

Non, la raison n’est pas là ; elle est ailleurs, et elle est bien simple et je dirai bien évidente, pour qui veut se donner la peine de réfléchir un instant : elle réside tout entière dans le degré d’instruction des habitants d’un pays, plus ce degré est avancé, supérieur, plus les mœurs y sont pures. Tandis qu’il y a quelque chose comme 97 ou  98% d’illettrés en Russie, de 40 à 60% en Italie et surtout en Espagne et encore infiniment trop chez nous, comme on peut en juger, hélas, par les conscrits illettrés qui arrivent au régiment, dans les pays scandinaves, c’est-à-dire en Suède, en Norvège et en Danemark, on ne compte plus les illettrés que par fraction au millième.

Voilà tout le secret de leur moralité, il n’y a pas à en douter un seul instant. Que l’on se décide chez nous à faire appliquer sérieusement, d’une manière intégrale et je dirai même brutale, la loi sur l’instruction gratuite, laïque et obligatoire et immédiatement vous verrez le niveau de la moralité remonter en France. Chez les hommes des bas-fonds, il y aura moins d’apaches, chez les femmes, il y aura moins de filles de joie, comme disaient nos pères en parlant du plus triste et du plus avilissant de tous les métiers, probablement par antiphrase ou par gauloise ironie !

Quand on sait lire et écrire, quand on a reçu une bonne éducation primaire, non seulement on trouve à se placer plus facilement, à mieux gagner