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noble et loyale figure, c’était, entre le père Gaillard et moi, des conversations interminables, si interminables même, si vibrantes en souvenir de la grande époque, où il s’était trouvé des Parisiens de cœur, moins lâches que les généraux, que les Trochu et qui avaient conçu le rêve de lutter encore contre les Prussiens, qu’il en laissait tomber son alène ou son tranchet…

Tous ces souvenirs me reviennent en escadrons pressés à l’esprit, tant j’avais conçu d’amitié pour ce vieux républicain, bon, sincère, honnête, loyal et qui ne concevait pas que l’on pût avoir des opinions successives pour faire son chemin dans le monde.

Le père Gaillard est mort en emportant l’estime de tous les honnêtes gens, parce qu’il avait vécu lui-même en honnête homme ; n’est-ce pas, par le temps qui court, le plus bel éloge nécrologique que l’on puisse faire d’un vieux républicain et d’un vieux lutteur, tel que lui !

Aujourd’hui mes vieux camarades, mes vieux confrères communards se font rares hélas ; cependant il y en a encore quelques-uns qui sont toujours vigoureux et jeunes de cœur et c’est une grande joie quand nous nous rencontrons. Je citerai Vaughan aujourd’hui directeur des Quinze-Vingt, Maxime Vuillaume, de l’Aurore qui vient d’être décoré, Élie May, toujours leste, qui vient de marier sa fille, M. A. Gromier qui poursuit toujours son rêve généreux de paix universelle.

Ils ont tous quelques dix ans de plus que moi