Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxv
préface


je n’ai plus rien à ajouter sur le rôle de l’écrivain, du sociologue dans le monde.

Si nous avons fait un peu de bien — autant que nous l’avons pu — par nos écrits, si nous sommes en paix avec notre conscience et si nous nous endormons avec cette douce espérance que la postérité se souviendra parfois de nous — espérance qui constitue pour l’homme de lettres comme des palmes académiques posthumes, si j’ose m’exprimer ainsi, — nous aurons rempli notre modeste mission et toutes les criailleries du moment nous apparaitront vraiment, vues à distances, comme des quantités bien négligeables.

Qui pourra jamais déchiffrer l’énigme décevante du « spectre masqué qui nous suit côte à côte et qu’on nomme demain ! » Demain « c’est la grande chose » comme disait Victor Hugo d’une façon si saisissante.

J’aurais voulu en rester sur cette pensée d’un sage, non pour imiter Épictète ; mais simplement parce que je trouve cette préface déjà bien longue.

Et puis si je n’avais pas exposé en toute sincérité cette philosophie douce, mais résolue, qui est mienne et n’est hélas, que la résultante d’une trop vieille expérience de la vie, je serais tenté de le regretter en songeant à cette pensée profonde et jolie de Mme du Deffant :

« Ce qui dégoûte de l’histoire, c’est de penser que ce que je vois aujourd’hui sera l’histoire d’un jour. »