la hauteur où nous sommes parvenus. Nous ne
percevons clairement que le présent.
« Et qu’est-ce que le présent ? Un trait d’union mobile et fugitif entre ce qui n’est plus et n’est pas encore. L’avenir de la veille devient incessamment le passé du lendemain.
« Pour déterminer la marche future d’un astre, il suffit au mathématicien de trois points bien observés constituant l’élément de son orbite.
« De ces trois points, nous n’en avons qu’un seul et nous ne possédons pas, comme l’astronome, des instruments de précision. Il n’importe : comme il nous est impossible de nous désintéresser absolument de ce problème, nous indiquons au moins dans quelle voie doit être cherchée la solution.
« Pour l’homme, pas plus que pour l’univers et que pour un être quelconque, l’éternité ne saurait se scinder. S’il a été créé il doit mourir. — Quoi ? Mourir tout entier ! Ce cœur qui bat, cette tête qui pense, cette vaste intelligence pour qui l’espace et le temps n’ont pas de limites, la tombe va tout dévorer ! — Non : cœur et tête vivront dans leurs œuvres, et si faible qu’ait été la trace de leur passage, elle restera ineffaçable. Voici un vieillard à l’agonie. Il va mourir, dites-vous. Eh ! non. Voilà bien longtemps qu’il meurt ; sa vie s’est écoulée goutte à goutte, jour à jour dans ses œuvres. Et qu’y a-t-il de perdu,