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profonds, si entiers, si nobles, s’il avait été le monstre de la légende ; c’est que la plupart des écarts qui lui sont reprochés, à Arcueil ou ailleurs, sont loin d’être prouvés ; c’est que l’on a trouvé le moyen de le maintenir en prison une partie de sa vie sans motifs, par pure haine ou par vengeance et jalousie c’est enfin qu’il avait un certain talent littéraire, surtout pour son temps, quoi que l’on en ait dit.

Enfin il mourut en prison, sans l’ombre d’un motif sérieux, comme toujours.

On prit, pour arrêter Sade, prétexte de la réimpression de Juliette, et il passa de Sainte-Pélagie à Bicêtre, de Bicêtre à Charenton. Il mourut là, le 3 décembre 1814, à soixante-quinze ans. Son testament contenait les prescriptions suivantes :

« Je défends que mon corps soit ouvert, sous quelque prétexte que ce puisse être. Je demande, avec la plus vive instance, qu’il soit gardé 48 heures dans la chambre où je décéderai, placé dans une bière en bois qui ne sera clouée qu’au bout des 48 heures prescrites ci-dessus, à l’expiration desquelles ladite bière sera clouée ; pendant cet intervalle, il sera envoyé un exprès au sieur Lenormand, marchand de bois, boulevard de l’Égalité, 101, à Versailles, pour le prier de venir lui-même, suivi d’une charrette, chercher mon corps pour être transporté sous son escorte au bois de ma terre de la Malmaison, commune de Mancé, près d’Épernon, où je veux qu’il soit placé sans aucune espèce de cérémonie dans le premier taillis fourré