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préface


humaine a été s’augmentant sans cesse. Il faut avoir recours à Balzac, à ses récits de constatations si violentes, pour connaître les mœurs du temps de la Restauration et du temps de Louis-Philippe, qui annonçaient si bien, pour le romancier voyant, les temps qui suivirent. Il a décrit, dans l’inventaire des passions et des habitudes qu’il a dressé, toutes les manières de penser et d’agir des figurants d’une époque. Il a dénombré l’aristocratie sceptique, boudeuse, cherchant ses distractions dans le cérémonial et dans l’amour. Il a inspecté les envieux salons de la finance, scruté les ambitions de la boutique, pénétré la rude enveloppe des militaires, disséqué la rêveuse et vaniteuse cervelle des artistes, espionné la magistrature et la police. Avec une curiosité ardente et une extraordinaire émotion impartiale, il a instruit le procès d’un temps et de l’humanité, il a été, au plus haut degré, le juge d’instruction de la littérature.

« Avant la découverte de cette forme du roman, si merveilleusement souple et faite pour s’adapter aux conditions mêmes de la vie, l’histoire n’avait pu être écrite de cette façon précise et complète. Ce n’est plus la reconstitution du passé par les textes, c’est l’histoire du présent, c’est l’observation directe bousculant le document officiel, c’est l’entrée dans l’imprimé des anonymes si difficiles à découvrir sous la poussière des archives et des bibliothèques.

« Michelet l’avait revée pour tout le passé de