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Comme tous les Parisiens de la rive droite qui s’intéressent au développement de nos moyens de transport — et je puis dire que c’est particulièrement mon cas — j’ai suivi avec un grand intérêt, presque au jour le jour, je l’affirme, la construction de la ligne métropolitaine de la rive droite, de la place de l’Étoile à la place de la Nation. En passant au-dessus du tunnel des Batignolles de la Compagnie de l’Ouest, l’espace était si mesuré que l’on a dû supprimer les arbres du boulevard, mais un peu plus loin, aussitôt que la chose fut possible, on s’empressa de les laisser pour satisfaire aux justes réclamations des Parisiens qui n’aiment pas que l’on touche à leurs arbres qu’ils considèrent, avec juste raison, comme leurs poumons mêmes !

Les premiers mois, tout parut marcher à souhait ; mais à partir de l’année suivante, sans mourir et sans même paraître malades, certains arbres des boulevards des Batignolles et de Clichy devinrent jaunes, d’autres rachitiques ; certains parurent positivement se ratatiner et l’on crut que les plus jeunes allaient voir leur croissance subitement arrêtée pour rester nains, comme les petits arbres torturés par les Japonais.

Mais, au fond, tout cela n’était pas encore visible pour les yeux distraits de la foule, et, si j’en fus moi-même averti le premier, c’est grâce à un vieux cantonnier de la Ville qui travaillait sur cette section et qui vint un jour me trouver les larmes aux yeux pour me dire combien il était in-