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non pas dans la cour, mais dans le long boyau qui longe le passage de chaque côté, nous allons jouir d’un coup d’œil qui n’est point banal.

Les passages sont encadrés naturellement de hautes maisons ; ils sont comme dans un long puits, profond, horizontal !

Alors, de chaque côté, du haut en bas, pendant six et parfois sept étages, les murs lépreux, noirs, suent et coulent lamentablement, distillant une eau noire innommable, les maisons n’étant tenues qu’à laver et astiquer leur façade tous les dix ans. Plus en bas, tous les détritus, tous les débris des grands bars : carcasses aux couleurs provocantes de homards à la Lucellus, à côté de bouquets fanés qui pleurent le sein abandonné au petit jour, dans un dernier hoquet, pardon, dans un cabinet particulier ; plus haut, aux fenêtres, toutes les loques, toutes les étoffes sèchent et dégoulinent aux fenêtres.

Ah ! ces derrières de passages, ces couloirs sombres derrière ces passages clairs sont comme les latrines de la grande vie, comme les vomitoria du monde où l’on s’amuse, et toutes les fois que je veux philosopher un peu ou contempler du vraiment pittoresque, je m’empresse d’y faire un tour, quitte à me boucher le nez aux endroits par trop démonstratifs.

Les dessous de Paris, les voilà, chers lecteurs, vieux bouquets, fleurs fanées, débris des folles journées, avant qu’ils ne soient tombés irrémédiablement dans la hotte du chiffonnier, allez