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jour son père ou son frère dans l’intérieur du couvent, le père ou le frère n’avait qu’à donner la somme de 10 000 francs pour être considéré comme bienfaiteur et acquérir ainsi le droit de circuler librement dans les cloîtres, préaux et parcs du monastère !

Dix mille francs d’alors en valaient plus de cinquante mille d’aujourd’hui et il paraît que la dite somme empêchait toute profanation de la part de l’homme et bouchait l’œil des religieuses qui n’en devaient point voir ! Pour moi ça m’en a toujours bouché un coin aussi vaste que le parc lui-même !

Mon grand-père qui avait ses ateliers et chantiers à côté et circulait librement chez ces dames, comme étant leur architecte et entrepreneur, était considéré comme un homme tout à fait privilégié dans le quartier.

Or comme la famille des Vibert, aux quartiers Saint-Jacques, Saint-Marcel et Saint-Médard, aussi bien qu’autour de l’église de Saint-Hippolyte, aujourd’hui démolie et dans le chœur de laquelle était enterrée une partie de mes aïeux, en qualité d’échevins, particuliers ou fonctionnaires de la ville de Paris, comme, dis-je, ma famille s’était jetée tout entière à corps perdu dans la grande Révolution, dès l’aube de 1789, ce privilège amusait beaucoup mon grand-père ; mais comme son habileté et son honnêteté étaient proverbiales dans tout Paris, les bonnes sœurs tenaient tout de même à l’horrible mécréant qui était