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qu’ils valent et méritent pour me préoccuper de leurs béates protestations. Je les entends, comme je les ai entendues pendant six années, et Je suis arrivé à craindre moins les pornographes que la veulerie de ces « honnêtes gens ».

Par honnêtes gens, j’entends le troupeau innombrable des neutres, ignorants ou blasés, les braves bourgeois qui crient au scandale quand on parle de la recherche de la paternité, de la protection des filles-mères, de la limitation des débits de boissons, et de la liberté et du respect des prostituées. Ce sont ceux-là qui bondissent parce qu’un souffre-douleur réclame justice et élève la voix, ou qu’un mendiant tombe inanimé sous leur porte cochère ou contre la grille de leur jardin. Il y a des honnêtes gens aveuglés par le minimum d’effort et de responsabilité. Ils ne veulent rien voir pour ne pas rougir de honte, et pour ne pas avoir à se décider à l’action. Ce n’est donc pas à cause d’eux qu’il faut se taire. Si je les dérange tant mieux, ils me l’ont déjà bien rendu.

Les choses que j’ai constatées et que je désire mettre en lumière dans ce livre, sont de nature telle qu’à leur aspect l’on a plutôt envie de pleurer que de rire. Lorsqu’on se représente