Page:Pourésy - La gangrène pornographique, 1908.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 109 —

donné l’état des esprits, amené une condamnation, et à gauche les cartes vraiment obscènes. Quand au tas de droite passaient des cartes un peu trop lestes, le procureur et le juge d’instruction se récriaient : « M. Pourésy, mais ces cartes sont obscènes » — « Je le sais bien, mais il y en a qui le sont davantage. » Et ce fut comique de voir le « moraliste » moins sévère que le magistrat ! Cela tient évidemment à ce que j’ai vu, hélas ! tout ce que l’on peut voir.

Or, dans le lot dont je viens de parler, les cartes étaient toutes différentes, à quelques-unes près, et toutes étaient d’origine parisienne, éditées à Paris. L’auteur du plus grand nombre est un jeune homme de vingt-six ans, né à Lyon, et habitant Paris. Il a pratiqué toutes les formes graphiques de l’obscène, et vraiment on est en droit de se demander ce qu’il peut y avoir dans le cerveau d’une pareille créature, pour combiner les choses les plus immondes avec un talent — si l’on peut appeler cela un talent — digne d’un homme intelligent et instruit ?

L’inqualifiable indifférence des honnêtes gens et des pouvoirs publics est certainement la cause de cette incroyable profusion de dessins obscènes. Rien qu’à Paris je pourrais citer plus