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trouve pas que cét excez ſoit ſi blâmable. L’ignorance où on les éleve en eſt la cauſe neceſſaire. Si leur zele eſt indiſcret, au moins leur perſuaſion eſt veritable : & l’on peut dire, que ſi elles connoiſſoient parfaitement la vertu, elles l’embraſſeroient bien autrement ; puiſqu’elles s’y attachent ſi fort au travers des tenebres même.

Elles ſont charitables.Il ſemble que la compaſſion qui eſt la vertu de l’Evangile ſoit affectée à leur Sexe. Le mal du prochain ne leur a pas plûtoſt frappé l’eſprit, qu’il touche leur cœur, & leur fait venir les larmes aux yeux. N’eſt-ce pas par leurs mains que ſe ſont toûjours faites les plus grandes diſtributions, dans les calamitez publiques ? Ne ſont-ce pas encore aujourd’huy les Dames qui ont particulierement ſoin des pauvres & des