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poſer leurs ſentimens avec une douceur & une complaiſance qui ſervent autant que la raiſon à les inſinüer : au lieu que les hommes les propoſent ordinairement d’une maniere ſeche & dure.

Si l’on met quelque queſtion ſur le tapis en preſence des femmes un peu éclairées ; elles en découvrent bien plûtoſt le point de veuë ? Elles la regardent par plus de faces : ce que l’on dit de vray trouve plus de priſe dans leur eſprit ; & quand on s’y connoiſt un peu, & qu’on ne leur eſt point ſuſpect, on remarque que les préjugez qu’elles ont, ne ſont pas ſi forts que ceux des hommes, & les mettent moins en garde contre la verité qu’on avance. Elles ſont éloignées de l’eſprit de contradiction & de diſpute, auquel les fçavans ſont ſi ſujets : elles ne pointillent point