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trez s’entretinrent de leur fortune, & firent aiſement amitié : & ſe voyans tous ſans bien, chercherent les moyens d’en acquerir. Comme il n’y en avoit point d’autre que de prendre celuy d’autruy, ils ſe jetterent ſur celuy qui eſtoit le plus en main ; & pour le conſerver plus ſurement, ſe ſaiſirent en même temps des maiſtres auſquels il appartenoit.

La dépendance volontaire qui eſtoit dans les familles ceſſa par cette invaſion. Les peres & les meres furent contraints d’obeïr, avec leurs enfans à un injuſte uſurpateur : & la condition des femmes en devint plus facheuſe qu’auparavant. Car au lieu qu’elles n’avoient épouſé juſque-là que des gens de leur famille qui les traittoient comme ſœurs ; elles furent aprés cela contraintes de prendre pour maris des étrangers